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UTOPIE EDUCATIVE

 

Robert MATHIEU

 

 

Dépôt SACD N° 276644 le 02/04/2015


                                                                                                                                           ONVILLE Le 4 mars 2015

Quand je vois des enfants déboucher sur une cour de récréation, je pense qu'il y a trop de différences dans leurs attitudes : celles qui se trouvent dans une salle de classe et celles qui se trouvent dans la rue.
Sur la voie de l'autonomie très recherchée, Célestin FREINET  a-t-il pu se mettre à la disposition des enfants comme il le voulait ?
En éducation comportementale, un travail consiste à établir une bonne relation entre éducateurs et enfants. Découvrir leurs attitudes positives.  Se mettre ensuite à la disposition de leurs idées.  Transformer progressivement avec l'enfant ce qui peut devenir de vrais programmes. Se mettre vraiment à la disposition de leurs idées et non de ses propres idées, ce qui n'empêche pas de les exprimer.
Le sens de cette énumération est un guide qui permet à l'éducateur spécialisé dans les comportements critiques, d'accéder à l'Education Autonome Accompagnée Sans Droit dans la Relation. Cette relation sans droit est une réponse à la libre adhésion des jeunes en Prévention Spécialisée (Arrêté du 4 juillet 1972, article 5). C'est une voie qui permet à l'enfant de se découvrir, et par là, de découvrir des connaissances qui rejoignent celles de l'enseignement officiel. Cette façon éducative ne peut être positive, que si l'enfant est totalement libre, tout en étant suivi étroitement par un  éducateur de métier. Pour que cette relation soit positive, l'éducateur en  question, doit représenter une autorité, non pas une autorité imposée, mais une autorité que l'enfant cherche dans les attitudes de celle ou celui qui se dit "éducateur". L'enfant libre et misérable recherche un caractère, c'est à dire un pouvoir humain, ce qui amène notre éducateur à s'auto-former.                                               

  Pour atteindre un certain équilibre dans l'enceinte de l'école en situation critique, nous devons y introduire l'éducateur spécialisé et faire équipe avec l'éducateur enseignant. Le premier doit toujours être le même face à un petit effectif critique et suivre ce petit effectif à partir de la 6ème ou 7ème année, et ce, tout en développant sa relation avec les parents.
S'il faut construire un nouveau type d'éducateur, il faut aussi une architecture adaptée aux enfants, une architecture simple et sobre où ils n'accéderaient  pas directement dans les salles de classes. Ils arriveraient dans un espace libre où ils feraient ce qu'ils font dans la rue. Dans cet espace se trouverait un éducateur spécialisé pour intervenir dans les risques de blessures. Tout autour se trouveraient des ateliers où ils iraient volontairement rejoindre les enseignants. C'est là, un système que j'ai vécu pendant  10 années dans un club de prévention, qui fonctionnait bien.                                                               

  Ci-joint le plan de "L'esquisse pour une école différente".
L'année 1944 a vu la création des centres de rééducation en même temps que la profession d'éducateurs spécialisées. Ici, le mot de rééducation signifie qu'on entreprend les problèmes lorsqu'ils se déclarent. Le fait d'intervenir trop tard dans cette discipline humaine relève de l'histoire, il en a toujours été ainsi. Cette situation, dans ce que j'ai vu en 2007, lorsque j'ai visité 7 équipes de prévention en Lorraine, m'a permis de voir des éducateurs tenir une permanence pour être à la disposition du maire en cas de violences dans n'importe quel secteur et donc,  parallèlement à la police . En demandant aux éducateurs "spécialisés" d'assurer la paix au détriment de l'éducation, nous n'arrivons pas à décoller du passé.
En 1944, l'école impose son programme, ce qui convient à tout le monde, y compris aux enfants. Nous vivons les dernières années d'un monde qui va changer. Ce qui va changer, c'est la communication, tous azimuts. En 1968, les idées explosent avec le mot "autonomie "qui domine. A partir de là, l'école se trouve devant les questions suivantes (les choses étant vues de ma fenêtre).                                                                                                      

  - Les idées des enfants se développent.                                                                      

   - Ils veulent exister à leurs façons inconscientes.                                                        

  - En osmose avec la rue, les cas critiques perturbent l'école et les parents.                                                                                                                           

   - Les enseignants laissent du mou, mais ils ne savent pas jusqu'où aller.                                                                                                                                             

 - La communication entre enfants et parents s'effilochent et rien n'en sort.                                                                                                                   

  - L'école ne sait plus si elle doit garder la discipline d'antan. Les enseignants ne savent plus, s'il faut avancer ou reculer.
Le temps n'est-il pas venu où les enseignants doivent se regrouper pour expliquer les réalités quotidiennes ? Les éducateurs spécialisés ne doivent-ils pas faire la même chose ?
Pour ma part, ces réflexions m'amènent à l'idée pluridisciplinaire. Elle se constituerait en rassemblant les techniques spécialisés dans la vie, au cœur d'un quartier critique. En 1987, je comptais 17 formes d' interventions sans coordination. J'ai connu une famille suivie par une dizaine de  travailleurs sociaux et il arrivait que l'éducateur  de prévention croise l'éducateur du Milieu ouvert  dans l'escalier. De la prévention, j'en ai parlé, il ne lui reste que le titre. Le travail du Milieu Ouvert consiste à visiter les familles désignées par le juge. Restent les centres rééducatifs où les jeunes rentrent les pieds devant; ils pensent leur affaire dans la chaîne constituée par le juge des enfants et des éducateurs qui leurs parlent d'autonomie dans leurs activités internes aux centres.
Le juge des enfants place les jeunes dans tels services et tels établissements (parfois plusieurs fois pour un même cas). Il lui arrive de ne plus savoir ni où, ni comment. Cette situation se répercute et l'éducateur conscient ne peut pas se débarrasser du déséquilibre que l'on trouve pourtant dans la profession.
Ce qui caractérise la position de l'éducateur spécialisé, c'est le fait d'être à la disposition de la délinquance au lieu d'être à la disposition de l'éducation, une éducation naturellement, et parlant "prévention". Je ne sais pas ce qu'est une éducation sans assise préventive. La liberté de penser, nous amène au développement des facultés humaines, même chez ces jeunes en état critique, quand on les accepte tels qu'ils sont. Une position éducative est intelligemment placée quand elle s'installe à l'âge de l'enfance. Quand on attend l'éclosion de la délinquance, c'est elle qui s'impose son programme dans une ambiance dévalorisante.                                   Ce qui est valorisant dans le métier, c'est de maîtriser un programme et d'obtenir des résultats, ce qui peut aller jusqu'à la suppression de la délinquance. Ce résultat est possible lorsque l'éducateur est installé dans la vie d'un quartier et non en dehors de la vie. Quand les enfants de mon ancien quartier venaient naturellement au club, la moitié du travail était déjà fait. Dans ce milieu libertaire, les choses fonctionnent quand elles sont organisées. Dans cette organisation, je distingue deux actions fondamentales, la première coordonne les multiples activités (un couple d'éducateurs), la deuxième conserve un autre couple dont le travail consiste à rentrer dans une relation étroite avec quelques cas pathologiques ou à tendances pathologiques. C'est le petit groupe (on a souvent parlé de 5%) dont parlent nos élus chaque fois que la violence éclate.

CONTENU DE L'EQUIPE  PLURIDISCIPLINAIRE  IMAGINEE
L'école
Le fonctionnement de l'école, dont j'ai parlé, est assuré par les éducateurs enseignants et des éducateurs spécialisés dans les comportements critiques.  C'est la base d'orientation vers les institutions qui remplacerait les diverses formes rééducatives spécialisées en place.                                                                                            

  - le centre de vacances.                                                                                            

   - la maison de repos parentale.                                                                                    

  - la maison des cas perturbés.                                                                               

- la maison des prise en charges natales                            .                               

  - l'appartement pour les adolescents dans leur quartier.                                       

    - le centre administratif et la coordination générale, sans oublier l'atelier des équipements.
Le centre vacances
Un centre uniquement pour les cas critiques qui sont difficilement acceptés dans les lieux de vacances classiques. Dans un centre animé par des éducateurs spécialisés, les enfants apprennent à communiquer entre eux, et ce, dans une nature avec laquelle ils ne sont pas toujours familiarisés.
La maison de repos parentale.
Une maison pour un père ou une mère qui a besoin de se ressourcer quelques jours. (1 éducateur).
La maison des cas particuliers.
Par exemple, pour les enfants épinglés par le juge des enfants (2 couples d'éducateurs pour 10 enfants).
La prise en charges natale.
Destinée aux enfants qui n'ont plus de parents. Ce qu'il faut noter ici, c'est la présence des éducateurs dans le quartier où ils sont adoptés (plus ou moins selon leurs attitudes). Cette situation leur permet d'organiser un placement avant qu'une famille ne se dégrade. (2 couples d'éducateurs pour 10 enfants).
L'appartement pour des adolescents.
Quand les enfants deviennent des adolescents et lorsqu'ils quittent l'école, nous trouvons les situations suivantes.                                                                      

 - Le besoin de rester en contact avec un homme, une femme qu'ils connaissent, soit un couple d'éducateurs vivant dans un appartement situé dans le quartier.                                                                                                         

   - Une aide pour trouver du travail.                                                                              

  - Un hébergement éventuel de 2 ou 3 jours pour un jeune qui fugue de sa famille. (Il évite des moments dangereux où tout peut capoter).                                                                                                           

  - Pour ce qui est des lieux de rassemblements naturels, c'est leur affaire.                                                                                                                            

 -C'est l'âge où tout ce qui a été appris, s'exprime.
Reste l'administration et la coordination générale sans oublier le magasin d'entretien.

LES POINTS  FORTS
Les éducateurs spécialisés qui assurent une certaine tranquillité autour des lieux d'enseignements.
La maitrise éducative des différents lieux de vie des enfants avec une position déontologique "l'Education Autonome Sans Droit dans la Relation".
Un couple qui s'efforce constamment de chercher les idées des enfants pour les transformer en programmes naturels.
La synthèse d'orientation où nous avons un membre de la famille épaulé par l'éducateur qui le suit éventuellement.
L'auto-formation pour des éducateurs spécialisés
Une auto-formation qui se présente de la manière suivantes. Dans la chaîne  rééducative, l'enfant sait où il se trouve le pouvoir, alors que l'éducateur sans droit dans la rue, représente à se yeux, le seul pouvoir spécialisé offert par la société. Cette position oblige cet éducateur isolé dans la relation, à maîtriser ses attitudes, ce qui l'amène à une auto-formation . Cette auto-formation comportementale, voire  caractérielle, étant inconnue dans le métier, nous sommes amenés à mettre en place, nous-mêmes, un ou plusieurs lieux expérimentaux, en dehors des institutions officielles. Quant à son emplacement géographique, je pense qu'il doit  s'installer en dehors des bruits de la ville dans un emplacement naturel, neutre et sain. Pour ma part, je dispose d'un tel lieu en forêt, où tout est à construire.